Né à Damas, Kinan Tafish est fils, petit-fils et arrière-petit-fils de tisserands.
À partir de 2004, il installe son propre atelier à Damas et vit de ses créations. Mais la révolution syrienne qui débute en 2011 va compliquer bien des choses. En 2014, il s’exile en France et décide de s’installer à Pézenas (ville d’artisanat d’art du sud de la France).
Séduit par l’accueil des artisans piscénois et l’authenticité de leurs échoppes médiévales, il obtient une échoppe en plein cœur du centre historique de la Ville, au sein de l’Hôtel particulier des Barons Lacoste construit en 1509.
Avec lui, il emportera un métier à tisser Jacquard datant de 1804. Placée au cœur de son atelier, cette machine a une histoire particulière que le tisserand se plaît à partager avec ses visiteurs. En effet, au travers de l’histoire de ce métier à tisser mécanique, Kinan Tafish raconte les échanges qui avaient lieu autrefois entre la Syrie, haut-lieu de la route de la soie, et les grandes villes européennes. Ce métier centenaire, c’est avant tout un héritage familial puisqu’il fut acheté par son aïeul vers 1850 à Lyon après les révoltes des canuts lyonnais.
Travailler sur un métier à tisser Jacquard est un vrai travail de patience. D’abord, il faut installer les cartes perforées qui vont dessiner le motif voulu puis installer la « chaîne », c’est-à-dire la trame de fils : ce qui revient à enfiler 6 000 fils dans 6 000 aiguilles. Quant au temps de tissage en lui-même, le tisserand parvient en moyenne à tisser 50 cm de tissu par jour (8 heures de travail en moyenne), mais les durées peuvent s’allonger en fonction des couleurs ajoutées.
le motif brocart, très ancien, mêlant fils de soie naturelle et fils dorés ou argentés, et la diversité de ses dessins est liée à l’histoire culturelle de chaque pays créateur de tissu de soie.